
Productivité, volonté et discipline : le livre The One Thing
Suite à quelques échanges sur Instagram, j’ai eu envie de partager mes notes et réflexions sur les livres de développement personnel et professionnel que je lisais. Aujourd’hui, nous allons commencer par « The One Thing ». Ce livre écrit par Gary Keller et Jay Papasan a une promesse : « une méthode de pro pour enfin passer à l’essentiel afin d’avoir une efficacité hors norme et une lucidité qui permet de mieux profiter de la vie ». Rien que ça !
The One Thing : passez à l’essentiel
Bon, comme la plupart des bouquins (souvent américain) qui approchent de près ou de loin l’entrepreneuriat, la réussite et la productivité, il y a des éléments qui me dérangent profondément et dont je préfère parler d’entrée de jeu.
- Très souvent, on se retrouve en mode « vendeur de rêves ». Nous avons un auteur qui se présente comme « je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui je suis le maître du monde grâce à ma super méthode. Et si tu n’arrives pas à l’appliquer, c’est que tu es totalement naze ».
- Ensuite, je frôle l’arrêt cardiaque à chaque injonction. Quand un auteur écrit « je veux que vous contestiez cette idée », j’ai envie de lui dire « Écoute chouchou, tu as sûrement réussi selon tes propres critères de succès, mais on n’a pas élevé les cochons ensemble donc tu te calmes ».
Mais une fois que l’on a passé ce cap, le reste est intéressant ! Bref, on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain.
Partie 1 The One Thing : les croyances qui mettent à mal notre efficacité
Cette première partie du livre est dédiée aux fausses idées, aux croyances limitantes que nous pouvons avoir et qui empiètent sur notre temps, notre organisation et par conséquent, notre productivité.
Tout a la même importance
L’idée clé : pour améliorer notre productivité, il faut commencer par prioriser.
Une to do list est une première étape pour savoir ce que l’on doit accomplir, mais elle nous amène à partir dans tous les sens. Finalement, nous devenons des robots qui traitent des tâches sans se demander le pourquoi, le but. Ces tâches déconnectées de leur sens, de leur objectif global consomment (énormément) de temps et d’énergie.
Pour l’auteur, il faut laisser tomber les to do list et aller vers le moins, aller à l’extrême, élaguer tout ce qui est possible d’élaguer afin de se concentrer sur ce qui compte vraiment.
Et pour cela, l’idéal est d’appliquer la loi de Pareto, celle du 80/20 : « une minorité de causes, apports ou efforts entraîne généralement la majorité des résultats, productions ou récompenses ».
Personnellement, j’ai toujours aimé avoir plusieurs projets en cours en parallèle. C’est un mode de fonctionnement chez moi. Avec le temps, j’ai bien compris que je ne pouvais pas être à 100 % partout. Pour autant, avant d’en arriver à ce point précis où l’on peut se sentir libre de choisir et de trancher au couteau, je crois qu’il faut du temps, se sentir prêt et suffisamment confiant pour oser choisir. Car faire un choix, c’est obligatoirement renoncer à quelque chose, du moins, momentanément.
Être multitâche
Le multitâche est votre ennemi ! Voici une partie sur laquelle je rejoins l’auteur à 100 %. Admettons, vous allez voir votre médecin traitant : vous exigez qu’il se consacre entièrement à vous, à vous écouter, à vous soigner. Vous le prendrez très mal s’il répondait à un texto et qu’il scrollait sur Instagram pendant la consultation.
Il y a donc deux questions à creuser :
- Quelle valeur accordez-vous à votre travail ?
- Qu’est-ce qui fait que vous condamnez le comportement de votre médecin, mais que vous vous l’autorisez ?
Bref, les études le montrent allègrement, être multitâche, c’est du vent. À chaque fois que nous sommes déconcentrés, il nous faut un temps considérable pour se concentrer à nouveau et reprendre là où on en était.
En tant que championne absolue du multitâche et 26 onglets ouverts à la fois, je me rends bien compte que cela augmente mon niveau de stress, ma capacité à faire n’importe quoi (envoyer le mauvais document ou oublier la pièce jointe du mail) et donc cela me rajoute du travail.
Ce qui m’aide dans ces cas-là, c’est me fixer un objectif précis à atteindre durant ma plage de travail tout en m’aidant de la méthode Pomodoro (je travaille pendant 25 minutes de façon intensive sans distractions et je prends une pause de 5 minutes. Je répète l’opération 3 ou 4 fois et je prends une pause d’au moins une heure pour recharger mes batteries).
Avoir une vie disciplinée
Dans cette partie, l’auteur nous explique qu’être discipliné, c’est en réalité créer et intégrer de nouvelles habitudes à son quotidien. Ce n’est pas sans rappeler le livre « Le pouvoir des habitudes — changer un rien pour tout changer » (très sympa, mais que j’ai trouvé légèrement indigeste).
D’après les études réalisées, il faudrait 66 jours pour intégrer une habitude durable (et non pas 21 jours comme on peut le lire souvent). Ici l’auteur nous explique bien que la discipline est très difficile à tenir sur le long terme. Le postulat est de s’imposer une discipline sélective sur une courte période afin de la transformer en habitude facile à vivre par la suite.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans cette partie, c’est l’importance du rôle du temps. Nous vivons dans une société qui va à 1000 à l’heure. Or, amener un changement, bousculer une croyance, réussir un projet de vie, cela prend du temps. Et parfois, cela prend même une vie !
On a de la volonté à volonté
Imaginons notre volonté comme une jauge à remplir (exactement comme votre personnage de jeu vidéo qui perd des vies et qui a besoin de recharger ses batteries pour poursuivre l’aventure) : notre volonté a un potentiel limité, mais elle est renouvelable. Jusque là, je suis plutôt très alignée avec notre duo d’auteurs. C’est sur la fin de chapitre que je tique !
- « Mangez bien, mangez régulièrement » : OK, on sait que manger équilibré augmente notre énergie et permet de prendre soin de notre santé. Mais ce qui me dérange, c’est ce côté « devenir parfait, partout, tout le temps ». Si avoir une bonne santé se résumait uniquement à manger des légumes et à faire du sport, le monde irait bien mieux. Je crois surtout que ce n’est pas si simple, même si cela peut apporter une partie de la solution. Garder une dimension « plaisir » dans tous les domaines de sa vie me semble essentiel. Et la nourriture en fait clairement partie. Bref, ne comptez pas sur moi pour cesser de manger des sushis et des pizzas sous prétexte que ça empiète sur ma volonté et ma productivité.
- « Faites le plus important tôt chaque jour » : mon pic de productivité se situe entre 6 h et 10 h du matin. J’adore me lever, faire un thé, écrire et produire des contenus de fond à cette heure là. Parce que je suis du matin et que je suis une vraie poule qui vit sur les horaires du soleil et qu’à 21 h, quoi qu’il se passe, il n’y a plus personne (c’est très fun de vivre avec moi, je vous assure !). Donc non, faites le plus important quand vous avez le plus d’énergie en fonction de votre corps. Et si votre truc, c’est de bosser au milieu de la nuit, que ça vous plait et que ça vous fait plaisir, allez-y gaiement.
Avoir une vie équilibrée
J’ai longuement hésité à garder cette partie. L’idée des auteurs est la suivante : il faut remplacer le mot « équilibre » par le mot « balancier ». Nous jonglons en permanence entre deux extrêmes et atteindre ses limites est le meilleur moyen d’enclencher la magie des idées et des réalisations.
Je suis convaincue qu’essayer de tout faire c’est de la folie. Mais je ne crois pas qu’on soit obligé de tout sacrifier momentanément pour passer d’un extrême à l’autre. C’est de loin, une des parties du bouquin qui m’a le plus dérangé : je reste convaincue que l’équilibre vie pro/vie perso est un vrai numéro d’équilibriste sur un fil tendu à 30 m du sol. Une fois de plus, cela dépend tellement de l’environnement, de l’entourage, des projets, des moments de vie… Pour moi, il y a beaucoup trop de paramètres pour que ce soit aussi simple.
Voir grand, c’est mal
On retrouve ici le discours classique, soyez audacieux, ne craignez pas d’échouer, visez la lune, vous tomberez dans les étoiles.
J’ai beaucoup de mal avec cette vision de l’ambition : c’est très personnel. Chacun se fixe les limites dont il a envie. On ne part pas avec les mêmes chances au départ : ce qui sera un petit pas pour vous sera une avancée titanesque pour d’autres et inversement. Alors, je citerai plutôt la phrase que j’avais entendu lors de la soirée Livementor où Fempo intervenait, elles avaient dit : « avoir de l’ambition, c’est oser rêver grand ». Et c’est ça que je veux retenir : quel est le rêve, le projet qui ME fait vibrer ?
Partie 2 – The One Thing : le chemin simple vers la productivité
Toute cette partie s’articule autour d’une grande question :
« quelle est la chose essentielle que je peux faire aujourd’hui de telle sorte qu’en la faisant tout le reste deviendra plus simple, voire inutile ? Quelle est la chose essentielle que je peux faire pour être sûre d’atteindre mes objectifs ? Pour améliorer la satisfaction de mes clients ? Pour réduire mon stress ? ».
Et vous savez quoi ? J’aime beaucoup cette question. Pour moi, c’est un mélange entre la définition d’un objectif SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporalisé) mixé avec la stratégie des petits pas. J’ai souvent tendance à poser la question « quel est le plus petit pas que tu puisses faire pour atteindre ton objectif ? ». Mais ce que j’apprécie dans « l’essentiel » c’est d’aller vraiment au cœur du sujet, d’en extraire l’essence. Et ça, c’est puissant !
Partie 3 The One Thing : résultats extraordinaires
Dans cette dernière partie, on parle de sens, de résultats, d’expertise et d’engagement. C’est parti !
Trouver du sens
« Le bonheur durable apparaît sur le chemin de l’accomplissement ».
Ces dernières années, le terme « bonheur » véhicule une injonction au bonheur, au développement personnel, à devenir la meilleure version de soi-même. C’est un des sujets qui me hérisse le plus les poils. Non, tout le monde n’a pas envie de se faire coacher, non tout le monde n’a pas envie de suivre des gurus et non tout le monde n’a pas envie d’être heureux partout tout le temps. Vous l’aurez compris, les injonctions et moi, c’est compliqué.
Dans ma tête, il n’y a pas de recette du bonheur, mais bien autant de façon de le construire que ce qu’il y a d’individus sur la planète.
En revanche, je rejoins l’idée de fond : lorsque l’on trouve un but, un projet, un objectif qui nous fait vibrer, quand on rencontre son WHY, son ikigaï (à vous de mettre le mot qui vous parle dessus), bref ces moments qui nous prennent les tripes, qui nous font avancer et qui vont évoluer, grandir et se transformer, c’est un moteur indéniable pour oser passer à l’action.
Chercher des résultats motivants
Parlons bien, parlons motivation. « Plus une récompense est éloignée dans le futur, plus la motivation immédiate de l’atteindre est réduite ».
- La méthode des petits pas permet d’avancer étape par étape, de découper la montagne en petites échéances à gravir les unes après les autres.
- Grâce à ces étapes intermédiaires, il est nettement plus simple d’aller chercher des résultats rapides, des petites victoires qui permettent de voir un projet avancer, se structurer.
- En écrivant noir sur blanc un objectif précis et temporalisé, il devient facile de le garder en tête et de le réajuster au fur et à mesure.
Devenir expert de son sujet
Ah, encore une partie qui m’a fait grincer des dents ! Les auteurs partagent les résultats de cette étude qui dit qu’il faut environ 10 000 heures pour devenir expert d’un sujet.
Mais il me semble que ce n’est pas un but pour tout le monde. Je crois profondément que l’on peut commencer à travailler sur un projet, à créer, à imaginer et à transmettre des choses sans être un expert absolu. Ce n’est pas une finalité en soi. En réalité, sauf si vous voulez être chirurgien cardiaque (auquel cas, je vous recommande de suivre le parcours adéquat), vous pouvez déjà vous lancer avec ce que vous avez aujourd’hui.
Apprendre à dire non
Savez-vous dire non ? C’est un rappel évident, mais nécessaire : pour protéger votre temps, il faut oser dire non. À chaque fois que vous dites « oui » à quelque chose, vous savez que par conséquent, vous dites « non » à autre chose. Les journées ne font que 24 h et le clonage n’existe pas encore !
Obtenir et conserver son énergie
Dernier concept qui m’a fait faire un bond : celui d’obtenir et conserver son énergie.
Alors, s’il y a bien un sujet que j’aime d’amour, c’est la gestion de l’énergie et l’impact des émotions sur notre niveau d’énergie quotidien. En revanche, les théories selon lesquelles le seul moyen d’être au top de sa forme, c’est de se lever à 5 h du matin en enchaînant des actions aussi militaires que rébarbatives, très peu pour moi.
Après, si c’est votre plaisir, aucun problème ! Je préfère proposer l’exercice suivant : je vous invite à noter chaque jour, durant une vingtaine de jours, les moments où votre énergie est à son apogée. Ajoutez des détails : avec qui étiez-vous, que faisiez-vous, à quelle heure, dans quel lieu ? Ensuite, analysez vos réponses et identifiez les contextes, moments, événements, personnes qui vous nourrissent. Vous pourrez ainsi adapter votre environnement à vos besoins.
« The One Thing – comment réussir tout ce que vous entreprenez »
Résultat des courses, à la fin du livre, je suis mitigée. Les concepts sont intéressants, mais pour moi, le livre manque de pratique, de concret, de méthodes à tester pour trouver ce qui convient à chacun. J’ai parfois eu l’impression que c’était une parole sainte à appliquer et je suis profondément convaincue que c’est débile de vouloir appliquer un process unique à des humains bel et bien différents.
Alors, comme d’habitude, vous faites bien comme vous voulez et comme vous pouvez dans votre situation !
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